Agroécologie : Un dispositif inédit de financement de la transition est lancé
Le mouvement associatif « Pour une agriculture du Vivant » a détaillé la première coalition territoriale du projet national Covalo dans les Hauts-de-France. Le projet vise à accompagner la transition agroécologique dans les fermes. La campagne de recrutement des agriculteurs est lancée. À terme quatre autres territoires seront concernés.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Le projet Covalo, pour « Coopérer et valoriser », rassemble l’ensemble des parties prenantes d’un territoire (agriculteurs, coopératives, acteurs de l’agroalimentaire, financiers et publics) « pour relever le défi de la transition agroécologique », explique Anne Trombini, directrice générale de Pour une agriculture du vivant (PADV), en conférence de presse le 27 novembre 2025. Partant du constat qu’un agriculteur ne peut pas assumer seul cette transition, le dispositif vise à « remettre l’agriculteur au centre », en lui apportant un cadre clair, une rentabilité ainsi qu’un partage de risque et des investissements. L’objectif étant de « permettre un passage à l’échelle de la transition », appuie Anne Trombini.
Construire un plan de progrès à l’exploitation
Covalo se base sur un modèle qui favorise la rotation culturale. « La difficulté aujourd’hui, c’est que tout est construit par culture : on a une vision, une rentabilité, et des acteurs par culture, résume Anne Trombini. Avec Covalo, l’objectif est qu’un agriculteur ait un projet à la rotation, parce qu’on aura réuni l’ensemble de ses débouchés pour construire un modèle économique qui lui permette de piloter sa ferme de façon globale. » Pour une agriculture du vivant (PADV) se base sur son Indice de régénération, « construit avec les agriculteurs et validé par la science », pour établir l’état des lieux de la performance agroécologique des fermes et construire un plan de progrès. « L’agriculteur est libre de ses choix techniques, c’est une condition de succès de cette transition », estime Anne Trombini.
Recrutement lancé en Hauts-de-France
Le projet Covalo se décline sur cinq territoires en France : Hauts-de-France, Normandie, région Ouest, Vendée et Sud-Ouest. « Sur ces cinq territoires, 51 acteurs publics et privés se sont engagés pour participer à ces projets de coalition », commente Anne Trombini.
Dans les Hauts-de-France, la première campagne de recrutement des agriculteurs vient d’être lancée, après 18 mois à construire le dispositif opérationnel. « Ce territoire est le précurseur et le démonstrateur. Il est spécifique, avec des cultures industrielles et beaucoup d’acteurs industriels qui sont localement implantés », explique Anne Trombini. La coalition des Hauts-de-France réunit 15 acteurs publics, privés et agricoles. Pour une agriculture du vivant (PADV) espère recruter 160 agriculteurs en 2026 dans cette zone, et 1 750 d’ici 2028. Les autres territoires sont actuellement « en phase de construction du dispositif », précise cette dernière.
Accompagnement technique et financier
Un agriculteur s’engage pour trois ans. Dans un premier temps, un diagnostic de sa ferme, basé sur l’Indice de régénération, et un plan de progrès individuel seront établis. Il bénéficiera d’une offre d’accompagnement technique. « L’agriculteur aura un référent qui le suivra pendant les trois ans du projet, qui aura la responsabilité de se coordonner avec les conseillers de chacun des collecteurs présents dans le projet. L’objectif étant d’éviter les injonctions contradictoires », informe Anne Trombini.
Le dispositif prévoit une prise en charge financière du coût du diagnostic la première année, à hauteur de 1 295 €, et une prise en charge des deux tiers du coût les années suivantes, à hauteur de 628 € par an.
Des primes pour couvrir le surcoût des pratiques
« Pour atteindre l’objectif de durabilité, la coalition s’engage avec un dispositif de financement inédit », ajoute Anne Trombini. Celui-ci s’appuie notamment sur des primes filières versées par les acteurs privés pour couvrir le surcoût des pratiques. L’agriculteur qui contractualisera avec des acteurs de la coalition pourra prétendre à une prime sur la culture concernée d’un montant garanti minimum de 100 € par hectare dédié à cette culture, à condition d’avoir un Indice de régénération supérieur ou égal à 40.
« Ce montant minimum garanti permet d’apporter de la visibilité financière, tout en laissant la liberté commerciale à chaque membre du projet, expose Anne Trombini. Le projet démarre avec a minima deux cultures couvertes. » Blé tendre, betterave sucrière, pomme de terre, maïs grain, légumes et orge sont les cultures qui bénéficieront du dispositif en 2026 dans les Hauts-de-France.
« Boîte à outils » de financements
En addition de ce dispositif, l’agriculteur a également le choix parmi une « boîte à outils » de financement : des paiements pour services environnements (PSE), comme le PSE Régénératif financé par l’Agence de l’eau Artois-Picardie, ou l’offre bancaire « Transition + » proposée par le Crédit Agricole Nord-de-France.
Outre les agriculteurs, la coalition des Hauts-de-France s’ouvre également aux acteurs des filières qui le souhaitent. « On attend de tout nouvel acteur qui souhaite entrer dans la coalition d’avoir une stratégie avec des objectifs chiffrés d’engagement de volume, et la volonté de mettre en place ces contrats filières dans les douze mois », fait savoir Anne Trombini.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :